krebsliga_aargaukrebsliga_baselkrebsliga_bernkrebsliga_bern_dekrebsliga_bern_frkrebsliga_freiburgkrebsliga_freiburg_dekrebsliga_freiburg_frkrebsliga_genfkrebsliga_genf_newkrebsliga_genf_new_mobilekrebsliga_glaruskrebsliga_graubuendenkrebsliga_jurakrebsliga_liechtensteinkrebsliga_neuenburgkrebsliga_ostschweizkrebsliga_schaffhausenkrebsliga_schweiz_dekrebsliga_schweiz_fr_einzeiligkrebsliga_schweiz_frkrebsliga_schweiz_itkrebsliga_solothurnkrebsliga_stgallen_appenzellkrebsliga_tessinkrebsliga_thurgaukrebsliga_waadtkrebsliga_wallis_dekrebsliga_wallis_frkrebsliga_zentralschweizkrebsliga_zuerichkrebsliga_zug
Ligue vaudoise contre le cancerQui sommes-nous?Notre journalDiana et ses proches, un système solaire à l'écran

Diana et ses proches, un système solaire à l'écran

« Je savais que sans mes proches, je ne survivrais pas. Alors, je témoigne pour montrer la force d’être entourée. » Avec lucidité, Diana, 41 ans, pose les mots sur son histoire que le documentaire Tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie de Jeanne Gerster, met en lumière. La même lumière qui fuse dans le regard de Diana et de Jeanne lorsqu’elles parlent du projet.

Tout commence le 29 juillet 2020, lorsque Diana, au septième mois de sa deuxième grossesse, apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein inflammatoire de stade 3. Les traitements doivent commencer. Femme enceinte comblée, Diana devient une patiente au pronostic vital engagé. IRM sur le ventre, douleurs intenses, la peur. Les pleurs pendant la préparation du landau. Le choix de la perruque au lieu de celui du papier peint. L’impression d’être coupée de la réalité. Les chimios qui reprennent dix jours après la naissance du bébé. La solitude pendant la période covid. L’absence d’instinct maternel pendant la chimio. La mastectomie, l’impossibilité pendant des mois de prendre son bébé dans les bras. Bref, une succession de deuils de tout ce qui peut combler une femme dans la maternité. « J’étais en train de me noyer », explique Diana. « Il a fallu que je me tourne vers un thérapeute pour revenir à la surface. »

Dans ce ciel sombre, une constellation s’organise. Il y a Alessandro, son mari. Dorotea pour qui sa soeur est sa bataille. Ses deux frères, Manu et Oscar, et l’une de ses belles-soeurs. Ses parents, qui ont eux-mêmes vécu la dureté du cancer et du silence. Miriam, la cousine. « On savait que, de retour à la maison, Diana ne tiendrait pas debout. On devait mettre quelque chose en place », explique Dorotea.

UNE CHAÎNE DE SOUTIEN

Puis, les étoiles scintillent. Pendant que le corps de Diana lutte contre la diffusion du cancer, la lumière se propage. Myriam, psychologue de métier, demande à sa cheffe de libérer deux jours par semaine. Celle-ci accepte. Myriam aide alors autant Diana qu’Alissia, sa fille aînée, avec laquelle elle joue à des jeux de rôles pour l’amener à s’exprimer. Dorotea libère une journée par semaine. Tableaux Excel, liste des tâches, plan A, plan B et plan C… la grande soeur met ses talents de coordinatrice au service de la constellation. Les parents organisent les repas et font la courroie de transmission avec la famille en Italie. Les voisins apportent des fleurs. Les deux chats ne quittent pas Diana quand elle est clouée de douleur. Alignement des planètes ou empathie cosmique, Alissia entre en crèche alors qu’il aurait fallu compter une année et demie d’attente. Un chirurgien plasticien devient un appui de fer. Une tatoueuse à Vevey offre le tatouage de l’aréole.

Il faut cette chaîne de soutien pour accompagner Diana dans le diagnostic qu’elle entend en février 2023. Atteinte d’une carcinose leptoméningée, un cancer inopérable dû à la migration de cellules cancéreuses dans le cerveau, on lui dit que sans traitement, elle en a pour quelques semaines. Avec, pour quelques mois. « Dodo, je vais mourir », écrit-elle à sa soeur. Cette dernière rallume le feu sacré de la constellation familiale. Les éléments de ce système solaire se rendent à l’hôpital. Lorsque l’oncologue vient voir Diana, elle a trente paires d’yeux face à elle, traquant les zones d’ombre et d’espoir.

ACCUEILLIR CE QUI SE PRÉSENTE

Ce soutien qui grandit de manière organique, Jeanne Gerster le filme. Cette spécialiste de l’image et de l’altérité est contactée en 2024 par Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC). La proposition ? Créer un documentaire racontant cette histoire, montrant la réaction en chaîne des proches et ce que le jour doit à la nuit.

« On n’a pas eu le temps de penser la réalisation car personne ne savait si Diana serait des nôtres à la fin de l’année », explique Jeanne. C’est donc un documentaire vrai comme la vie qui voit le jour. Pas de scénario ou de storyboard. La réalisatrice choisit de filmer en plan large pour montrer la vie. « Ce rythme nous a poussés à vivre le moment présent. C’est la clé de Diana », explique Jeanne.

La beauté du documentaire ? C’est une histoire de personnes. Les membres de la famille qui ont été interviewés sans être à l’aise mais avec amour. Jeanne, pour qui se mettre à la place des autres est une seconde nature. Raphaëlle, la monteuse, dont la maman a été touchée par un cancer, qui a mis une partie d’elle.

À l’écran, Diana brille plus fort que tout. Comme l’étoile polaire qui nous indique le chemin, elle nous enseigne une leçon. La mort est une compagne de vie qui pare le quotidien de lumière et doit nous pousser à prendre urgemment notre temps, à écouter notre voix intérieure et nous ouvrir aux autres. « Personne ne savait que j’allais vivre aussi longtemps », expliquet-elle calmement. À la voir cuisiner de la parmigiana, on en oublierait la maladie. Comme Lina, sa petite dernière, qui lui demande parfois si elle a « toujours bobo à la tête » en lui tendant un sparadrap.

Propos recueillis par Cécile Gruet

Dates des projections : www.lvc.ch

 

 

Crédit phtoto : Jeanne Gerster