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Ligue vaudoise contre le cancerContactNotre journalComment bien soutenir une personne malade ?

Comment bien soutenir une personne malade ?

Bien qu’animés des meilleures intentions, les proches des malades en arrivent parfois à prononcer des paroles mal comprises. Psychologue-psychothérapeute depuis plus de 20 ans, Maria Fernandez Petite propose des pistes pour que chacun trouve sa manière d’offrir un appui.

Vous voulez soutenir une personne proche atteinte d’un cancer, lui témoigner votre empathie, lui donner du courage. Mais comment faire pour trouver les bons mots ? Maria Fernandez Petite, psychothérapeute spécialisée en psycho-oncologie et en soins palliatifs peut vous donner des clés pour y parvenir. Depuis plus de 20 ans, elle accompagne des patients, mais aussi leurs « proches-aidants ». Ces derniers sont aujourd’hui 600 000 en Suisse, à la suite de la reconnaissance de leur statut par le Parlement fédéral en 2019.

UNE SOUFFRANCE IMPOSSIBLE À COMPRENDRE

« Les proches sont souvent très affectés par ce qui arrive à une personne atteinte d’un cancer, mais il y a un décalage majeur : ils ne le vivent pas dans leur corps », souligne Maria Fernandez Petite. De plus, les souffrances entraînées par la maladie sont si singulières qu’on ne peut pas faire appel à sa propre expérience pour se les représenter : « Lorsque les patients me parlent de la fatigue générée par les traitements, ils me disent qu’ils n’ont jamais connu cette sensation. » Bien soutenir une personne malade demande en premier lieu cette prise de conscience : « Il est impossible de comprendre ce que ressent une personne touchée par un cancer. Tout ce qu’on peut faire, c’est essayer de se rapprocher d’elle en restant à ses côtés. »

Mieux vaut donc éviter des phrases telles que « Je te comprends ». Cette retenue vaut également si on a soi-même vécu la maladie : « Chaque personne vit ses douleurs différemment », dit la psychologue. « Il peut y avoir une communauté d’expérience, mais ce n’est jamais la même chose. » Mieux vaut également éviter de donner tel ou tel conseil. Dire « Essaie de penser à autre chose » ou « Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer » n’amène rien d’autre que le sentiment de ne pas être entendu. Quant aux soutiens par messagerie, bien qu’ils puissent être précieux, ils peuvent aussi devenir pesants. Y répondre demande passablement d’énergie. Et lorsqu’on en reçoit trop souvent, ils risquent de rappeler la présence de la maladie à un moment où l’on cherche à prendre un peu distance.

NE PAS OBLIGER À EN PARLER

Quand on souffre d’un cancer, est-ce que ça fait forcément du bien de partager ses émotions avec sa famille ou ses amis ? « Tout dépend des situations », dit Maria Fernandez Petite. En parler avec les membres de sa famille peut se révéler lourd : « Certains patients ne peuvent pas vraiment dire ce qu’ils vivent. Ils se sentent obligés de mettre un masque afin de rassurer leur entourage. » Au lieu de soulager, le partage représente alors un effort supplémentaire. Quant aux amis, leur rôle n’est pas forcément de devenir des confidents : « Quand on en parle déjà beaucoup avec son conjoint ou sa famille, on peut avoir besoin de parler de tout autre chose. » Les amis sont aussi là pour apporter un peu de légèreté.

Une attitude possible consiste à se mettre en position de questionnement. La personne malade a-t-elle besoin de parler de sa maladie ? « On n’a pas toujours envie de parler de son cancer avec les proches », souligne Maria Fernandez Petite. La maladie est une affaire intime dont le partage doit être consenti. « L’idéal est que ça fasse l’objet d’une discussion. » Certaines dynamiques relationnelles ne rendent pas la démarche facile, mais il suffit de poser une fois la question. Et puis, pourquoi ne pas, de temps en temps, marcher ensemble en silence ? Bien soutenir consiste parfois à ne rien dire, à rester simplement côte à côte.

SE MÉNAGER POUR TENIR SUR LA LONGUEUR

Selon des études récentes, 44% des proches d’une personne atteinte par un cancer subissent un impact psychique, physique ou financier. « Même s’ils ne ressentent pas la même chose que la personne malade, les proches vivent un choc similaire », explique Maria Fernandez Petite. Certains changent de poste pour être présents pour leur conjoint ou leur enfant. D’autres voient leur santé fléchir : « Il a été montré que les défenses immunitaires des proches des malades s’affaiblissent. » Le bouleversement peut aussi être d’ordre spirituel. Comment comprendre qu’un être aimé vive une telle épreuve ?

« Les proches que je reçois me disent souvent qu’ils ne peuvent pas lâcher, qu’ils doivent rester solides au sein du couple ou de la famille », déclare Maria Fernandez Petite. « Je les encourage à trouver un espace, quel qu’il soit, pour exprimer ce qu’ils vivent eux aussi. Je leur propose également de trouver des zones de ressource. » La peur de culpabiliser freine cet effort, mais les nouveaux traitements, qui peuvent rendre la maladie chronique pendant des années, demandent de tenir sur la longueur. « J’ai une patiente qui oblige son mari à aller faire une balade une fois par semaine », dit la psychologue. « Chacun a sa manière de faire face, mais il faut pouvoir rester debout. » Apporter un bon soutien consiste donc aussi, dans la mesure du possible, à se soutenir soi-même.

Pierre-Louis Chantre

Illustration : www.lelixir.ch