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Ligue vaudoise contre le cancerQui sommes-nous?Notre journalLe cancer ne s'arrête pas après les traitements

Le cancer ne s'arrête pas après les traitements

À 27 ans, Charline Rochat apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein très agressif. Quatre ans plus tard, elle raconte son parcours et évoque sans fard la longue période de reconstruction qui a suivi. Aujourd’hui maman, elle entame un nouveau chapitre de sa vie.

« J’essaie toujours de voir le bon côté des choses. » C’est sans doute ce trait de caractère qui rend Charline Rochat aussi lumineuse. À la voir, on ne dirait pas qu’elle vient de traverser une lourde épreuve. Et pourtant…

PROBLÈME DE DIAGNOSTIC

Juillet 2020. Charline se plaint d’une douleur au sein. Son gynécologue constate la présence d’une masse et lui prescrit un ultrason qui montre qu’il ne s’agit pas d’un simple kyste. S’ensuivent alors une mammographie, puis une biopsie dont les résultats sont négatifs. Charline pourrait donc vivre avec cette boule. Toutefois, comme la douleur est trop vive, elle décide de la faire enlever. « C’était fin août. Une semaine après l’opération, j’avais rendez-vous pour enlever les fils. Je pense que ma maman a eu un pressentiment, car elle m’a accompagnée. Et c’est là qu’on m’a annoncé que la masse prélevée était cancéreuse. C’était assez brutal, je ne m’y attendais pas du tout. Heureusement que ma maman était là ! Et quelle chance que cette boule m’ait fait si mal, sinon je n’aurais rien fait... »

UN CHOIX DIFFICILE

La suite se passe au Centre du sein au CHUV. Après une nouvelle série d’examens, le verdict tombe : cancer du sein triple négatif, donc non hormonal mais très agressif, sans doute de stade III. Charline doit donc entamer une chimiothérapie au plus vite. Cependant, compte tenu de son âge, la question des enfants se pose : « Soit on commençait immédiatement la chimiothérapie en sachant qu’elle pouvait entraîner une infertilité, soit on retardait le traitement de deux semaines pour réaliser une stimulation ovarienne. C’était une grosse décision à prendre, car retarder pouvait m’être fatal, mais nous n’étions pas prêts à renoncer à la possibilité d’être parents. » Charline et son compagnon optent pour la stimulation. « J’ai trouvé ce moment dur psychologiquement, car on se croirait presque dans un projet d’enfant, alors que mon futur immédiat était d’entamer un lourd traitement. » Démarrent 6 mois de chimiothérapie, à l’issue desquels l’ablation complète du sein est conseillée à Charline, malgré sa bonne réceptivité au traitement. « J’ai fait confiance aux recommandations des médecins. À 27 ans, je voulais mettre toutes les chances de guérison de mon côté. » Fin juin 2021, après encore trois mois de radiothérapie, le cancer est vaincu. Commence alors la longue reconstruction…

SE RÉAPPROPRIER SON CORPS

Charline a plutôt bien vécu la période de traitement : « Après le gros ascenseur émotionnel du début, chaque étape du traitement a amené des nouvelles positives. C’était encourageant. J’étais alors en mode combat et ne réfléchissais pas trop aux implications ultérieures. C’est quand les traitements se sont arrêtés que j’ai vraiment réalisé. Il fallait accepter ce corps meurtri par la maladie. Guérie oui, mais ce n’était pas terminé pour autant. » Et Charline évoque que parfois, pour la faire sourire, on la taquinait parce qu’elle allait avoir un sein refait comme de nombreuses femmes en rêvent. « Mais ce qu’on ignore, c’est qu’après une ablation, on n’a pas un résultat comparable à celui obtenu avec une simple augmentation mammaire. Ce sein reconstruit est très différent. Il est plus bizarre que joli. Sous la douche, il me rappelle tous les jours mon vécu douloureux. Il y a aussi la sensibilité, qui est diminuée voire inexistante par endroits, malgré les nombreuses séances de physiothérapie. » C’est pourquoi Charline tient à souligner que la guérison du cancer ne s’arrête pas avec les traitements, qu’il y a toute une période de réadaptation où il faut accepter le changement et se réapproprier son corps. « Je trouve qu’on ne voit pas le bout d’une reconstruction. En plus, aux yeux des autres, on est guéri, donc ils ne se rendent pas du tout compte de ce parcours après la maladie. Il n’y a que les proches qui sont au courant. » Heureusement, la famille Rochat est très soudée et Charline a pu y puiser un soutien essentiel.

TOURNÉE VERS L’AVENIR

Aujourd’hui, Charline a 31 ans et a accouché le 20 mars d’un petit Ryan. Tout se passe bien et elle peut allaiter de son sein valide. La rechute ? « Je n’y pense pas, même si je sais que je ne suis pas à l’abri. » Mais Charline préfère voir la page qui se tourne pour laisser la place à une nouvelle. Pour elle, la vie continue. Avec la conscience désormais qu’on n’est pas éternel et qu’il est important de faire les choses qui nous tiennent à cœur sans les remettre à plus tard. Avant tout, Charline tient à rendre attentif au fait qu’un cancer peut arriver même quand on est jeune. Elle a aussi expérimenté combien la gêne de l’entourage face à la maladie peut être blessante : « Les gens sont désemparés. Soit ils tentent de nous rassurer avec tout ce qu’on n’a pas envie d’entendre, soit leur silence donne l’impression de ne plus exister. Le mieux, c’est de briser le tabou en demandant ce dont on a besoin. Il faudrait pouvoir accompagner l’entourage sur la façon de communiquer avec une personne malade. » Peut-être un futur nouveau projet…

Charline Rochat et Christine Theumann-Monnier

Crédit photo : philippegetaz.ch