Cancer et lien social
La maladie affaiblit, souvent même elle appauvrit, et les maladies oncologiques sont hélas parmi celles qui fragilisent le plus. Et avec la guerre en Ukraine, les perspectives s’annoncent particulièrement difficiles. On pensait que les incertitudes nées de la pandémie de COVID-19 étaient derrière nous, arrivent maintenant celles en lien avec un conflit qui d’ores et déjà pèse sur les prix des biens de première nécessité. Ce sont évidemment – encore et toujours – les personnes en situation de précarité qui en souffrent le plus.
Il est donc primordial que les acteurs sociaux puissent répondre présents face à ce nouveau défi, en particulier pour tous ceux qui ne remplissent pas les conditions d’accès aux prestations, ceux qui n’entrent pas forcément dans les « cases » prédéfinies. Dans ce numéro de notre journal, la conseillère d’État Rebecca Ruiz nous reçoit pour nous dire son attachement au partenariat public-privé qui existe dans notre canton en matière sociale. Et de souligner par la même occasion l’importance qu’elle accorde au soutien des proches aidants qui, comme les patients, doivent souvent faire preuve de beaucoup de résilience dans l’accompagnement d’un être cher souffrant de cancer.
Peut-on d’ailleurs vivre un cancer avec résilience grâce à la peinture, le théâtre, la musique ou l’art contemporain ? C’est la question que nous avons posée à Corinne Schäfer et Maricel Marin-Kuan, deux patientes qui témoignent en page 4 du bien que leur font les activités créatrices pour surmonter l’épreuve d’un cancer du sein. Et en page 5, on retrouve Daniel Harriet, autre patient artiste, qui nous explique comment la sculpture lui permet de simplement percevoir les choses plutôt que de les cogiter.
Lorsqu’à la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC) nous faisons un bout de route avec une personne atteinte de cancer, le secret de la réussite réside souvent dans un travail d’équipe avec les soignants que nous côtoyons, en particulier en milieu hospitalier. La page 6 relate la belle histoire de tandem entre Nathalie Divorne Formenton et Julien Grandjean, respectivement infirmière cheffe de l’unité d’oncologie hématologie et assistant social de la LVC à l’Hôpital de Morges. Leur interaction au quotidien est essentielle pour que les patients puissent se sentir, autant que possible, allégés par rapport à ce qui leur arrive.
Le cancer paupérise, mais il isole également. En page 7, parole est donnée au Dr Michael Saraga. Il y offre un coup de projecteur sur l’enquête qu’il a menée en 2019 auprès d’une douzaine de femmes en rémission d’un cancer du sein, intitulée « L’isolement des survivants du cancer », et dont la LVC a assuré le financement.
Récemment, nous avons appris avec tristesse le décès de Jean-Michel Piccard, notre collègue assistant social qui a travaillé à la LVC à Vevey de 2011 à 2018. Nous gardons en souvenir son fort engagement, empreint de douceur, et nous adressons nos condoléances à sa famille et à ses proches.
Faire un don à la LVC, c’est être à nos côtés pour nous permettre d’agir contre la stigmatisation, contre la précarité, contre l’isolement. Encore merci !
Chantal Diserens, directrice
Ligue vaudoise contre le cancer