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"En pédiatrie, vous êtes obligé de vous surpasser parce qu'il s'agit d'enfants"

Assistante sociale à la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC), Audrey Brossard travaille au sein de l’unité d’hématologie-oncologie pédiatrique du CHUV. Elle nous raconte son quotidien auprès des enfants malades et de leur famille : « On ne soigne pas un enfant seul, c’est toujours avec les parents. »

Lorsqu’elle commence sa journée, Audrey Brossard ignore la plupart du temps de quoi elle sera faite. Avec pudeur et douceur, elle raconte sa réalité, celle d’une assistante sociale qui opère en première ligne – depuis quatorze ans à la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC) dont huit en oncologie-pédiatrique au CHUV.

Audrey Brossard fait partie des premières personnes que rencontrent les parents après qu’ils ont pris connaissance du diagnostic de leur enfant. « Ils sont encore ébranlés par ce qu’ils viennent d’apprendre. Non seulement par la maladie, mais aussi par les mille et une choses pratiques, mais essentielles, auxquelles ils vont être confrontés et pour lesquelles ils ne sont pas préparés. » Au CHUV, l’unité de pédiatrie compte entre 50 et 80 nouveaux cas par année, et l’on dénombre entre 200 et 240 enfants en cours de traitement. Tous sont suivis par les assistantes sociales, d’une façon ou d’une autre.

AIDES CONCRÈTES ET IMMÉDIATES

L’une des premières tâches des assistantes sociales est de répondre à des besoins concrets et immédiats : « Il peut s’agir de trouver un logement près de l’hôpital, mais aussi de les renseigner sur des questions de parking ou de repas. Nous les informons surtout au sujet des aides qu’ils pourraient solliciter. Nous les aidons à anticiper, sachant qu’ils seront confrontés à plusieurs semaines voire, le plus souvent, plusieurs mois de traitement. » Il faut le savoir, une fois le diagnostic posé, l’agenda explose : à tout moment, il faut pouvoir être prêt à se rendre à l’hôpital.

PERTES DE REVENUS

Dans un deuxième temps, les questions financières viennent se greffer aux soucis des parents qui, généralement, travaillent tous les deux. Une des équations compliquées à résoudre est de pouvoir rester en permanence auprès de son enfant tout en s’occupant de la fratrie. « Nous les aidons à s’organiser, ce qui nous amène parfois à négocier des arrangements avec les employeurs et les assurances pour essayer de limiter la perte de leurs ressources financières. Mais réduire son temps de travail n’est pas toujours possible. Lorsqu’il s’agit d’un traitement court (de trois à six mois), on peut plus facilement trouver une solution que lorsqu’il s’étale sur deux ans.

À cela s’ajoutent toutes les dépenses qui viennent encore grever un budget familial : « Les transports coûtent très cher lorsqu’il faut venir deux fois par semaine au CHUV ou qu’il faut trouver un véhicule pour les enfants en chimiothérapie qui ne peuvent pas prendre les transports publics. »

SÉQUELLES ET SCOLARITÉ

La poursuite de la scolarité constitue également un défi important dans le quotidien d’Audrey Brossard. Un travail à multiples facettes : « Il faut parfois expliquer aux enseignants les implications des séquelles de la maladie. Pour beaucoup, une fois que les cheveux ont repoussé, l’enfant est guéri. Mais la récupération prend plus de temps. Malheureusement, en tant que parent, on est parfois moins pris au sérieux qu’un professionnel qui dit exactement la même chose. »

Il arrive également à l’assistante sociale de se rendre dans la classe d’un enfant pour expliquer sa maladie à ses camarades – brièvement et selon l’âge – et ce que son retour en classe va impliquer : « Pour l’enfant, l’école c’est la vie, la normalité. Alors nous faisons en sorte que ce retour se passe dans les meilleures conditions, sans que cela n’effraie leurs camarades. Mais souvent, les adultes sont plus inquiets que les enfants. »

TRAVAILLER PORTES OUVERTES

Au CHUV, Audrey Brossard travaille la porte ouverte : « Les parents peuvent choisir quand passer. Ce n’est pas toujours le bon moment, si l’enfant ne va pas bien, mais il faut pouvoir le sentir. Le langage non verbal est alors primordial : même masqué, si on voit les yeux, cela suffit ; il nous permet de mieux juger dans quel état sont les parents ou l’enfant. » Cette proximité est fondamentale : « Quand on doit s’occuper en priorité de son enfant malade, avec tout le poids émotionnel, il est normal de se sentir parfois dépassé, submergé, mais encore faut-il avoir la force de le dire. En côtoyant les parents au quotidien, nous pouvons détecter ceux qui n’y arrivent plus tout seuls. Si les parents flanchent, cela sera difficile pour eux de s’occuper de l’enfant. »

VIVRE LE DEUIL

La mort d’un enfant vient parfois endeuiller tout le service. « Les liens en pédiatrie sont si forts que, lorsqu’il y a un décès, c’est toute l’équipe qui est en deuil. Avec tous les soignants, nous pouvons le vivre ensemble, en parler, partager notre tristesse entre collègues. Ce qui nous permet de tenir, surtout dans un service de cette nature. »

Après huit ans au service des enfants et des parents, la motivation d’Audrey Brossard est intacte. « En pédiatrie, il n’y a pas de barrière, vous êtes obligé de vous surpasser parce qu’il s’agit d’enfants. »

Daniel Abimi