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Laurent Chabal, la passion des patients

Lorsque la maladie nous oblige d’un jour à l’autre à devoir vivre avec une stomie d’élimination incontinente – qu’on connaît mieux sous l’appellation de poche ventrale – il y a vraiment beaucoup de choses auxquelles il faut  s’habituer.

Laurent Chabal est infirmier à l’Hôpital de Morges. Au premier abord, il donne l’impression d’un homme au verbe mesuré, rare. Pourtant, lorsqu’il commence à parler de sa spécialité, il est comme un train lancé, emporté par la passion de son métier et des patients. Laurent Chabal est stomathérapeute, spécialiste du suivi des patients porteurs d’une stomie urinaire ou digestive. Un métier trop souvent ignoré, pourtant essentiel au bien-être de milliers de patients en Suisse.

À la suite d’un cancer des voies digestives, d’une malformation congénitale ou d’une maladie de l’intestin notamment, il arrive que le chirurgien doive confectionner une stomie : une petite ouverture dans la paroi abdominale afin d’évacuer les selles ou l’urine lorsque celles-ci ne peuvent plus l’être par les voies naturelles. Ces dernières sont ensuite recueillies dans une poche accolée à la peau que le patient devra changer et vider régulièrement.

Cette opération n’est jamais anodine. Il s’agit d’un ultime recours, quand la survie du patient est mise en jeu. « Mais il faut aussi dire que parfois, les conséquences de la maladie sont si gênantes que la stomie peut constituer un réel soulagement, autant physique que psychologique », précise Laurent Chabal.

FORT IMPACT PSYCHOLOGIQUE

Les stomies peuvent être réalisées aussi bien sur un nourrisson que sur une personne âgée. Le plus souvent, elles sont temporaires – de quelques semaines à quelques mois –, le temps que l’organisme récupère. « Mais ce n’est pas toujours le cas et il arrive que la stomie soit définitive », explique Laurent Chabal. « En Suisse, plus de 3000 stomies sont réalisées chaque année, dont un tiers est définitif. »

Si l’opération chirurgicale n’est pas anodine, son impact psychologique l’est encore moins. À leur chevet, dans une chambre d’hôpital ou dans le cadre plus intime des soins à domicile, Laurent Chabal passe un temps précieux auprès de ses patients pour les soigner, mais aussi pour les informer, les conseiller, les rassurer, les accompagner.

Le travail commence même souvent avant l’opération : « Lorsque le patient est d’accord, nous pouvons organiser une rencontre avec une personne stomisée et qui le vit bien. Cela permet de relativiser certains aspects pour passer un cap qui constitue souvent un changement brutal dans sa vie. »

UN SUJET TROP SOUVENT TABOU

Pour dédramatiser un peu et faciliter l’approche d’un sujet tabou, les personnes concernées se désignent souvent avec leur petite poche ventrale comme des « marsupiaux ». Et sur les réseaux sociaux fleurissent de plus en plus de personnes qui assument ouvertement leur poche en maillot de bain.

Pourtant, le sujet reste délicat à aborder. « Il est vrai que la stomie et ses conséquences  sont peu évoquées dans les médias et que, souvent, les gens évitent d’en parler », constate  Laurent Chabal. « Probablement parce que cela touche à l’un des aspects les plus intimes de notre existence. C’est pourquoi notre travail est aussi d’expliquer et de parler ouvertement de ce sujet. »

Et l’éventail des questions est vaste. Qu’il s’agisse simplement de l’aspect sur le corps, ou de la manière de continuer à vivre sa vie professionnelle et sa vie intime, Laurent Chabal doit répondre sans détour, toujours très concrètement, mais avec justesse et délicatesse. « Il faut permettre aux personnes stomisées de visualiser des choses toutes simples : comment prendre un bain, comment vivre en couple avec sa poche, comment la changer, comment la vider ? Va-t-elle sentir mauvais ? Y-a-t-il des risques de fuite ? Quels sont les aliments déconseillés ? Et les voyages, et le sport ? Autant de gestes simples quand nous sommes en bonne santé qui peuvent subitement prendre une tout autre dimension. »

« VOUS N’ÊTES PAS SEULS, NOUS SOMMES LÀ »

Laurent Chabal voit les patients non seulement à l’hôpital, mais il leur rend ensuite visite à leur domicile. Une relation plus intime s’instaure alors : « Nous découvrons la personne dans son lieu de vie, dans toute sa réalité. Cette proximité libère la parole. Nous pouvons ainsi aborder toutes les questions, réajuster l’appareillage si nécessaire, trouver ensemble des astuces pour améliorer la vie de tous les jours. Tout ce travail ne s’effectue pas seul, mais en équipe interdisciplinaire la plupart du temps. »

Fort de sa longue expérience, Laurent Chabal a envie de transmettre un message simple aux futurs patients : « Il faut procéder petit à petit, se familiariser, trouver un équilibre, respecter les étapes, se rappeler qu’il y a presque toujours une solution à tester. Mais surtout, vous n’êtes pas seuls, nous sommes là, et il ne faut jamais hésiter à nous appeler, ne jamais penser que vous nous dérangez, nous les stomathérapeutes. »

Daniel Abimi

L’engagement quotidien de Laurent Chabal en faveur d’une amélioration constante des soins ne s’arrête pas aux portes de l’Hôpital de Morges (Ensemble hospitalier de la Côte) et de ses patients. Chargé de cours à la Haute école de santé de Genève (HEdS), il est aussi impliqué dans de nombreuses associations, notamment l’association ilco Vaud, dont la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC) a soutenu la création financièrement. Il a récemment été élu à la présidence du comité exécutif de l’Association mondiale des stomathérapeutes, qui regroupe plus de 1300 membres à travers 65 pays. « En tant que spécialistes, nous sommes souvent amenés à prendre des décisions qui ne sont pas toujours évidentes. Pouvoir partager et confronter nos expériences avec nos collègues du monde entier nous aide à sortir des sentiers battus et à trouver des solutions ailleurs. Et à nous sentir moins seuls. »

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