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Ligue vaudoise contre le cancerQui sommes-nous?Notre journal"L'art m'a aidée à surmonter le deuil"

"L'art m'a aidée à surmonter le deuil"

Line Arnold a pris sa plume et ses pinceaux avec, à la clé, un livre qui a pour vocation d’apporter du réconfort aux personnes endeuillées.

Avec la parution de son livre illustré « Aïna et les couleurs de la vie », Line Arnold, bénévole à la Ligue vaudoise contre le cancer, propose un récit poétique sur le deuil. Une publication qui se veut optimiste et porteuse d’un message universaliste. Rencontre avec son auteure.

COMMENT CE LIVRE A-T-IL VU LE JOUR ?
Il s’inspire d’un événement marquant de ma vie. Il y a trois ans et demi, j’ai accompagné une petite fille dont j’étais proche sur le chemin de la maladie. Giulia souffrait d’une tumeur au cerveau, qui l’a rapidement emportée. Avec sa famille, nous lui avons offert un cocon protecteur pour qu’elle puisse traverser cette épreuve le plus paisiblement possible. Le maintien de sa qualité de vie était notre priorité à tous. Très rapidement, l’idée de tirer un livre de cette expérience s’est imposée à moi. Avec la volonté d’évoquer le deuil de manière réconfortante, de montrer qu’il est possible de transformer une difficile absence en une présence. Ce livre, c’est finalement une réflexion sur le cycle de la vie, destinée autant aux adultes qu’aux enfants.

UNE RÉFLEXION QUE VOUS AMENEZ SOUS LA FORME D’UN CONTE…
Oui, avec l’histoire d’une petite fille qui côtoie les anges et se voit offrir la possibilité d’effectuer un passage temporaire sur terre. Elle y découvre les saisons qui, dans leurs différentes manifestations, suscitent son émerveillement. Comme son temps est compté, sa perception du monde prend un relief particulier. D’une extrême intensité, le regard qu’elle porte sur notre environnement amplifie la lumière, les couleurs et les odeurs – une manière de nous rappeler notre chance d’être là. Et ce n’est pas pour rien que cette enfant s’appelle Aïna, prénom qui signifie « vie » en malgache.

VOTRE DÉMARCHE COMPREND-ELLE UNE DIMENSION THÉRAPEUTIQUE ?
Clairement oui. L’évocation du rythme des saisons, qui occupe une place centrale dans ce livre, m’a donné l’occasion d’explorer mon rapport aux cycles et mystères de la vie. Et comme le printemps revient chaque année, la vie finit toujours par reprendre ses droits. Je souhaite apporter un message réconfortant. On peut faire quelque chose du vide ainsi que du manque et créer, avec ses souvenirs, une autre forme de présence. Giulia m’accompagne au jour le jour, m’incitant sans cesse à profiter de l’instant présent. L’art m’a aidée à surmonter le deuil, processus complexe jalonné de nombreuses étapes, et à apprivoiser ma peine.

VOTRE LIVRE ACCORDE UNE LARGE PLACE AU VISUEL : DES PEINTURES EN PLEINE PAGE SONT MISES EN MIROIR AVEC DE COURTS TEXTES. POURQUOI CE CHOIX ?
Giulia m’a fait un magnifique cadeau : elle m’a donné l’élan nécessaire pour reprendre mes pinceaux, je les avais délaissés depuis bien trop longtemps. Peindre permet de transcender un sujet douloureux. Et en utilisant beaucoup de couleurs vives dans mon travail, j’ai souhaité amener une note d’optimisme. Il ne s’agit évidemment pas de nier la réalité, le gris fait également partie du tableau d’ensemble. Au-delà de ma démarche personnelle, ce livre présente une valeur universelle et pourra, je l’espère, être utile aux personnes confrontées à des situations qui leur semblent fondamentalement inconcevables.

VOUS ÊTES BÉNÉVOLE À LA LIGUE VAUDOISE CONTRE LE CANCER DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES ET ACCOMPAGNEZ RÉGULIÈREMENT DES PERSONNES TOUCHÉES PAR LA MALADIE. QU’EST-CE QUI MOTIVE VOTRE ENGAGEMENT ?
La relation d’aide a ceci de particulier que vous recevez autant que ce que vous donnez. La qualité des relations tissées et l’authenticité des échanges m’enrichissent énormément. Être bénévole, c’est aussi occuper une place privilégiée dans la vie de ceux qui vous témoignent leur conf iance en partageant leur intimité. L’accompagnant n’a pas de lien affectif direct avec le patient, ce qui l’autorise à être entièrement dans l’accueil et l’écoute. Aucun autre enjeu ne vient brouiller les cartes.

COMMENT GARDER UN CERTAIN RECUL FACE À DES VÉCUS DOULOUREUX ?
C’est une pratique difficile. Je me suis formée à la psychologie positive. La Ligue demande par ailleurs à ses bénévoles de suivre une formation de base axée notamment sur l’écoute active et les soins palliatifs. Ces différentes démarches permettent de s’interroger sur la pertinence de son comportement lors de tout accompagnement. Un bénévole se situe dans le registre de l’empathie, évidemment. Mais il est tenu à maintenir un certain éloignement et à ne porter aucun jugement pour garantir à son vis-à-vis une totale liberté de parole. La clé pour trouver cette bonne distance réside dans la connaissance de soi, de ses émotions et des résonances que la maladie provoque en nous.

Propos recueillis par Béatrice Tille

Pour commander le livre : line.arnold@bluewin.ch