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Ligue vaudoise contre le cancerQui sommes-nous?Notre journalDes armes efficaces contre les douleurs

Des armes efficaces contre les douleurs

Les douleurs chroniques affectent deux tiers des personnes atteintes de cancer. Différents traitements permettent de le soulager, offrant aux patients un gain considérable en matière de qualité de vie.

Lorsque le diagnostic du cancer est posé, l’une des plus grandes peurs exprimées par les malades est celle de souffrir. Or aujourd’hui, les douleurs peuvent pratiquement toujours être soulagées.

Cancer. Le diagnostic ébranle l’être au plus profond, terrorise.Parmi les peurs que la nouvelle déclenche, celle de souffrir. « C’est une des inquiétudes majeures exprimées par les patients lorsque nous leur annonçons le diagnostic », confirme Nicolas Ketterer, oncologue membre du comité de la Ligue vaudoise contre le cancer.Heureusement, le médecin spécialiste peut immédiatement se montrer rassurant. « Nous disposons aujourd’hui de bons traitements pour soulager les douleurs, le plus souvent de manière optimale.On n’arrive pas toujours à guérir un cancer, mais on parvient presque toujours à contrôler les douleurs. Nous avons de nombreuses armes. »
Les douleurs chroniques affectent deux tiers des personnes atteintes de cancer. Le tiers restant est épargné. Les douleurs liées à la maladie cancéreuse prennent différentes formes. Certaines sont provoquées directement par la tumeur, ou plutôt par ses effets sur les tissus environnants. D’autres découlent d’un traitement, d’une opération. D’autres encore trouvent leur origine dans une souffrance psychique, ou la détresse sociale.
Les médicaments constituent « la base, le tronc principal du contrôle des douleurs », poursuit le docteur Nicolas Ketterer. Dans un premier temps, le médecin prescrira des antalgiques usuels comme l’aspirine et le paracétamol, ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Un tel traitement suffit en général à soulager « bon nombre de patients ». À côté de ces produits, il est aussi possible d’administrer d’autres substances qui ne sont pas des antidouleurs à proprement parler, comme des antidépresseurs offrant un effet antalgique, ou des antiépileptiques. En fin de liste, si ces médicaments ne sont pas assez forts, le médecin dispose encore, dans son arsenal, d’opioïdes puissants et d’opiacés comme la morphine.

DES DOSES CENT FOIS PLUS PETITES
Reste que chez une petite minorité de patients (quelque 5 %), il arrive que les douleurs résistent aux traitements conventionnels. C’est là que les anesthésistes spécialisés ou les centres antidouleur prennent le relais. Blocs nerveux, anesthésies radiculaires, stimulateurs : l’antalgie interventionnelle dispose de méthodes très sophistiquées. À Morges, le Centre d’antalgie de l’Ensemble Hospitalier de la Côte reçoit les malades que lui réfèrent les oncologues ayant épuisé toutes leurs munitions.
Grand spécialiste du traitement de la douleur, fondateur du centre, le docteur Eric Buchser nous présente une des techniques de pointe qui permet à son équipe de traiter les douleurs rebelles : la pompe intrathécale. Implanté dans le corps du patient, ce réservoir doté d’un moteur est relié par cathéter à la zone située autour de la moelle épinière, où se trouvent les récepteurs de la douleur. « Ainsi, nous pouvons administrer le médicament directement là où il est efficace, en passant outre la barrière naturelle qui protège le système nerveux central », explique le docteur Eric Buchser. Le bénéfice est considérable : « Cette technique permet trois choses importantes », poursuit le spécialiste. « La première, c’est d’abaisser le rapport de dose de l’ordre de 1 à 100. En d’autres termes, si l’on administre 1 mg par voie intrathécale, cela équivaut à 100 mg par voie orale ou intraveineuse. La deuxième consiste en une diminution notable des effets secondaires. Enfin, la pompe nous permet d’administrer des médicaments qui ne pourraient pas atteindre le système nerveux central sans ce moyen, comme des anesthésiques locaux. »
En réduisant les effets secondaires provoqués par les traitements conventionnels, qui peuvent être très invalidants, ce système offre aux patients un gain appréciable en matière de qualité de vie. « Nous recevons des personnes qui nous disent : ‹ Je passe ma vie couché, je n’ai plus de temps pour ma famille. J’ai envie de pouvoir profiter des mois qui me restent à vivre avec mes proches autrement qu’au fond du lit », confie Anne Durrer, infirmière cheffe de Direction des soins au Centre d’antalgie de Morges.
Le docteur Eric Buchser se montre toutefois rassurant : « L’équation cancer égale douleur est fausse. Oui, une bonne partie des personnes touchées auront mal une fois ou l’autre. Elles pourront ressentir des douleurs, le plus souvent transitoirement, que celles-ci soient liées à la maladie ou au traitement. Mais ce n’est pas une condamnation. La réalité, c’est qu’une bonne partie des gens peut avoir le cancer sans douleur. »

L’HYPNOSE COMME APPROCHE COMPLÉMENTAIRE
Les médicaments ne sont pas la seule option offerte par les spécialistes en oncologie pour contrôler les douleurs. « Nous proposons souvent d’autres approches complémentaires », explique le docteur Nicolas Ketterer. « Ainsi, nous utilisons de plus en plus l’hypnose. Souvent avec de bons résultats, même si des patients réagissent mieux que d’autres à cette technique. » Outre l’hypnose, d’autres moyens non-médicamenteux comme l’acupuncture, la relaxation, la physiothérapie s’ajoutent à l’éventail des solutions. « La radiothérapie peut aussi jouer un rôle antalgique, par exemple en dirigeant des rayons sur une métastase osseuse », complète l’oncologue lausannois.
Enfin, le malade n’est pas qu’un corps. Le cancer le précipite parfois dans une spirale de séquelles psychiques, sociales, financières. Autant de difficultés susceptibles de renforcer les douleurs physiques, nécessitant alors une prise en charge plus globale. « Parfois, la douleur peut être l’expression d’une souffrance et d’un mal-être psychologique », confirme Nicolas Ketterer. « Pour ces patients, nous collaborons alors avec des psychiatres, mais aussi avec des psycho-oncologues. »

Pierre-Yves Huguenin