krebsliga_aargaukrebsliga_baselkrebsliga_bernkrebsliga_bern_dekrebsliga_bern_frkrebsliga_freiburgkrebsliga_freiburg_dekrebsliga_freiburg_frkrebsliga_genfkrebsliga_glaruskrebsliga_graubuendenkrebsliga_jurakrebsliga_liechtensteinkrebsliga_neuenburgkrebsliga_ostschweizkrebsliga_schaffhausenkrebsliga_schweiz_dekrebsliga_schweiz_fr_einzeiligkrebsliga_schweiz_frkrebsliga_schweiz_itkrebsliga_solothurnkrebsliga_stgallen_appenzellkrebsliga_tessinkrebsliga_thurgaukrebsliga_waadtkrebsliga_wallis_dekrebsliga_wallis_frkrebsliga_zentralschweizkrebsliga_zuerichkrebsliga_zug
Ligue vaudoise contre le cancerQui sommes-nous?Notre journal

Comment Miljana, 12 ans, a tenu tête à la leucémie

Au seuil de l’adolescence, Miljana se retrouve d’un jour à l’autre à l’hôpital. Les médecins diagnostiquent une leucémie. Commence alors sa bataille. Parce qu’elle croit à la force du partage et du témoignage, elle accepte aujourd’hui d’en parler sans détour. Un parcours de combattante qu’elle décrit étape par étape.

Tout a commencé lors d’un camp de ski. Alors âgée de 12 ans, Miljana se plaint de maux au cou. Une semaine plus tard, elle se réveille un matin en pleurant de douleur. Elle ressent une irrépressible envie de vomir, un sentiment d’étouffement, des battements de coeur trop forts. Rapidement, ses parents la conduisent aux urgences de l’hôpital d’Yverdon-les-Bains. Le lendemain, elle est directement transférée au CHUV pour des examens complémentaires. Deux jours après, les parents de Miljana apprennent que leur fille souffre d’une leucémie.

Aujourd’hui âgée de 15 ans, Miljana raconte la journée du 21 mars 2019, quand elle découvre l’ampleur de son mal : « Le médecin a dessiné des schémas très simples pour me montrer ce qui se passait dans mon corps. Au fil de ses explications, je prenais peu à peu conscience de la maladie et de ses conséquences, des traitements qui m’attendaient, de leurs effets secondaires. Au début, je n’ai ressenti aucune émotion. Puis j’ai pleuré et suis passée par tous les sentiments : le doute, la tristesse et la rage. »

UN PARCOURS DE COMBATTANTE

Tout s’enchaîne alors. Le jour même, Miljana entame sa première chimiothérapie. Rapidement, elle perd beaucoup de sang ; les nausées et les vomissements deviennent de plus en plus violents. Mise en chambre d’isolement, elle est nourrie avec une sonde : « À ce moment, j’ai commencé à perdre mes cheveux, que je n’avais jamais raccourcis de ma vie et qui m’arrivaient alors aux genoux. Un coiffeur est venu dans ma chambre pour me les couper. Ce jour-là, j’ai commencé à mettre un bonnet, je ne pouvais plus me voir dans les miroirs que je recouvrais de linges. C’était dur, très dur, je ne pouvais plus me regarder. »

Miljana ne connaît pas de répit. Quelques jours plus tard, commence la deuxième chimiothérapie. Toujours isolée dans sa chambre, elle n’a plus de force. Pendant deux mois, elle ne quitte pas son lit d’hôpital, sauf pour une petite promenade dans les couloirs quand ses muscles le lui permettent. À ses côtés, son père Jovica, sa mère Radica et son grand frère Milan s’organisent pour que son papa puisse rester à son chevet.

La troisième chimiothérapie n’est pas moins brutale : « J’avais de la fièvre, je vomissais le peu que je pouvais manger ou boire. Je vivais tout le temps sous perfusion, avec mes doses d’antibiotiques, de médicaments, de calmants… La totale, en fait ! » Au mois de juin, juste avant de commencer sa quatrième chimiothérapie, elle peut rentrer à la maison pour son anniversaire : « Cela m’a redonné de la force de pouvoir fêter ce moment avec ma famille et mes amis. » Le lendemain, de retour à l’hôpital, une autre surprise l’attend : « Les infirmières et les médecins sont venus dans ma chambre avec un gâteau, des cadeaux, du maquillage, un doudou et une lettre que je garde précieusement. Ils étaient ma deuxième famille. Des gens en or ! »

Fin octobre, elle entame sa cinquième chimiothérapie – « la dernière ! » – avant de pouvoir recevoir sa greffe, qui est programmée le 1er novembre 2019 aux HUG, les Hôpitaux universitaires de Genève. « Cela s’est relativement bien passé, si ce n’est que j’ai à nouveau perdu mes cheveux qui avaient repoussé entretemps. »

Le jour de la greffe reste très précisément gravé dans sa mémoire : « À 14h53, la moelle est rentrée dans ma chambre ; à 14h57 elle est rentrée dans ma veine ; à 16h55 la greffe était terminée. » C’est un succès. Un mois après, Miljana peut enfin sortir de l’hôpital, même si elle doit encore faire des contrôles, d’abord deux fois par semaine, puis de manière échelonnée : « Désormais ce n’est plus qu’une formalité. »

REPRENDRE (LA) VIE

Miljana se rappelle avec émotion de sa doyenne et sa professeure principale, venues lui rendre visite : « Elles m’ont fait confiance, peut-être parce qu’elles savaient que je vais toujours au bout de ce que je fais. » En sortant de l’hôpital, elle recommence à suivre les cours à distance. En raison des risques liés au COVID, elle suivra toute sa onzième derrière un écran : « Je me suis habituée à me préparer le matin comme si j’allais à l’école avec mes camarades, comme si j’étais dans la vraie vie. On rigolait, on faisait nos exercices ensemble, et ils promenaient la caméra à travers la classe pour me faire vivre leur quotidien. Ils m’ont vraiment fait sentir que j’étais des leurs. J’ai réussi grâce à eux ! » Lorsqu’elle peut enfin rejoindre sa classe, tout le monde joue le jeu et respecte scrupuleusement les gestes barrières. Miljana parvient même à aller faire un stage à la Poste et obtenir son certificat malgré sa longue absence. Et, moins d’un mois plus tard, elle signe son contrat d’apprentissage.

Du haut de ses 15 ans, Miljana regarde son jeune parcours de vie avec une maturité nouvelle, longuement forgée dans sa chambre d’hôpital. Avec une reconnaissance sans borne pour ceux qui l’ont accompagnée au long de ce parcours aux cheminements incertains, et tout particulièrement sa famille : « Ils ont toujours su montrer de la joie, indispensable pour combattre la maladie. Du début à la fin, ils ne m’ont jamais laissé entrevoir un doute. En même temps, mes parents ont joué leur rôle en me grondant lorsque je faisais une bêtise, comme avec un enfant normal. »

Les épreuves de la maladie, Miljana n’y pense plus vraiment, le passé appartient au passé, comme elle le dit. « Aujourd’hui, je vis comme si je ne n’avais jamais rien eu. » Et son miroir, désormais, lui renvoie l’image d’une jeune fille qui dit ne pas penser à l’avenir, mais profiter de chaque instant.

Daniel Abimi

Afin que son papa puisse rester auprès d’elle, la Ligue vaudoise contre le cancer l’a accompagné auprès de son employeur, pour soutenir un congé non payé et assurer le maintien du contrat de travail. Un appui financier a pu être trouvé, notamment pour l’achat de nouveaux meubles afin que Miljana puisse avoir sa propre chambre.