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Ligue vaudoise contre le cancerQui sommes-nous?Notre journal"Je ressens une urgence à vivre l'instant présent"

"Je ressens une urgence à vivre l'instant présent"

Le cancer, une épreuve au quotidien pour la jeune Christina Samuelsson. Sa priorité désormais : laisser le négatif derrière elle.

Emportée par le tourbillon de la maladie il y a une année, Christina Samuelsson affiche désormais une certaine sérénité. Mais la peur n’a pas entièrement quitté la jeune femme de trente ans, qui aspire à profiter pleinement de la vie. Interview.

LA MALADIE VOUS A TOUCHÉE DE MANIÈRE BRUTALE L’AN DERNIER. QU’EST-CE QUI VOUS A AMENÉE À CONSULTER ?
Un grain de beauté dans la nuque qui saignait et qui avait doublé de volume. Diagnostic : un mélanome avancé, au stade III. Je suis rapidement passée sur le billard pour faire enlever cette tumeur, mais les cellules cancéreuses avaient déjà formé des métastases dans les ganglions lymphatiques. S’en sont suivis un traitement d’immunothérapie et deux nouvelles opérations, l’une pour retirer une boule suspecte sous l’oreille droite, l’autre pour l’ablation d’une tumeur dans le poumon. Il m’a également fallu lutter contre une hépatite auto-immune, stabilisée en trois mois. Cette inflammation du foie n’autorisait plus que je poursuive l’immunothérapie.

C’EST UN VÉRITABLE PARCOURS DU COMBATTANT QUE VOUS AVEZ SUIVI EN À PEINE 12 MOIS ET, POURTANT, VOUS SEMBLEZ SEREINE…
Mes dernières analyses ont montré que toutes les métastases avaient disparu. Quel magnifique cadeau d’entendre cela ! Je ne vous dis pas que j’ai toujours été aussi positive. C’est le propre de la maladie que de connaître des hauts et des bas, il faut jongler avec. J’essaie simplement de prendre le meilleur chaque jour, tout en redoutant le pire.

À VOUS ENTENDRE, LE CANCER VOUS A BEAUCOUP APPRIS SUR VOUS-MÊME ?
La maladie est un tourbillon vertigineux qui vous emporte loin, très loin. J’ai connu des journées extrêmement difficiles où, terrorisée par la peur et submergée par des pensées négatives, j’aurais été prête à disparaître. Le cancer vous plonge dans une autre dimension, vous forçant à poser un regard différent sur vous-même.

QUELLES EN SONT LES CONSÉQUENCES ?
J’apprends à m’écouter davantage et vivre au présent. Les détails, les choses négatives, je les balaie pour me focaliser sur l’essentiel : l’ici et le maintenant. Je dois en quelque sorte « nettoyer » en permanence mon esprit – sous peine de devenir folle – et le nourrir avec du positif. On pourrait dire que je fais un ménage intérieur et extérieur ! Intérieur, car je suis au diapason de mon corps ainsi que de mes envies et ne me laisse plus embarrasser par les contraintes. Ménage extérieur car je me suis éloignée de beaucoup de gens. L’expérience de la maladie vous transforme, un décalage se crée automatiquement avec les autres, les priorités sont différentes. Je suis tellement heureuse d’être encore là que je ressens une forme d’urgence à vivre, à profiter pleinement. C’est à cela que j’emploie mon énergie, et à rien d’autre. L’essentiel est là, à portée de main. Je me sens plus légère depuis que j’ai compris cela.

QU’EST-CE QUI VOUS A PERMIS DE CONTINUER À ALLER DE L’AVANT ?
Beaucoup de choses y ont concouru. Plus jeune, j’ai vécu des moments difficiles – comme le décès de mon père, la violence de mon compagnon ou les troubles alimentaires. Ce passé m’a donné de la force et appris à me servir, pour aller plus loin, de ce qui sur le moment peut sembler destructeur. Mes proches m’ont également été d’un grand secours, et le sont encore et toujours. Ils m’ont laissé le temps et l’espace dont j’avais impérativement besoin. Enfin, j’ai pu me reposer sur les professionnels des domaines de la santé et du social. A l’hôpital, je me suis sentie comprise, en sécurité. Les rendez-vous médicaux s’espacent maintenant, je ressens comme un vide à combler. Comprise et soutenue, je le suis également à la Ligue vaudoise contre le cancer, où une assistante sociale m’écoute et m’aide dans les démarches administratives à entreprendre auprès de mon ancien employeur et de l’assurance-invalidité. Instants de partage précieux, les différentes activités collectives proposées par la Ligue sont également une soupape.

COMMENT ENVISAGEZ-VOUS L’AVENIR ?
Je me projette peu dans le futur. Je fonctionne au jour le jour, aux rencontres. Seul impératif pour moi : donner un sens à cette épreuve pour ne pas simplement subir les événements. Ce sens, je le vois dans la transmission de mon expérience et la prévention. Le corps se souvient de tout, il faut en prendre soin. Quand mon diagnostic est tombé, je savais à peine ce qu’était un mélanome. Je ne me suis pas sentie malade, tout en l’étant évidemment. Se protéger contre le soleil est impératif. Se nourrir de manière équilibrée est également très important pour la santé. Je songe à m’orienter vers la promotion du bien-être, avec un intérêt marqué pour la nutrition. Il faut toucher et réveiller les jeunes qui, à mon sens, sont réceptifs.

VOUS ÉVOQUEZ L’IMPORTANCE DE PRENDRE SOIN DE SON CORPS. LE VÔTRE EST COUVERT DE PLUSIEURS TATOUAGES. ILS RACONTENT VOTRE CANCER ?
Oui. J’ai laissé une trace sur mon corps de chaque événement majeur de ma vie. Il m’est donc apparu vital de me faire tatouer quand je suis tombée malade. En plein traitement, je me suis rendue chez le tatoueur pour deux dessins. L’un deux représente une abeille, symbole de vie. J’ai besoin d’y accrocher mon regard en permanence.

Propos recueillis par Béatrice Tille